Voici le texte que j'envisage d'envoyer en réponse à la consultation publique à titre personnel, d'ici 1 ou 2 jours. Je suis toutefois à l'écoute des remarques ou suggestions
Les documents fournis pour justifier le projet d’arrêté appellent les remarques suivantes :
L’étude 2019 du GON Nord-PdC sur la reproduction des oiseaux de mer constate que la population de ces oiseaux sur le littoral du Pas-de-Calais s’est accrue durant la période 2016-2019 aussi bien pour le Fulmar Boréal que pour la mouette tridactyle alors même que le parapente était pratiqué sur le littoral durant toutes ces années, dans des limites convenues avec le Conservatoire du Littoral. La même étude du GON constate un « taux de production » légèrement inférieur à la moyenne de l’espèce uniquement pour le Fulmar Boréal, mais suspecte les prédateurs d’en être la cause.
En tout état de cause, on ne trouve dans cette étude aucun élément démontrant un impact négatif de la pratique du parapente sur le développement des populations locales de ces oiseaux.
Quant à la « Note relative aux enjeux environnementaux présentés par les colonies de Fulmar Boréal des Hauts de France », servant de base à la consultation publique pour le projet d’arrêté Préfectoral, celle-ci met en cause le parapente en présentant des résultats de manière grossièrement orientée.
Cette note suggère que l’abandon des colonies par les adultes à la pointe de la Crèche après le 21 juillet 2018 serait du à la pratique du vol libre, puisque, est-il écrit, c’est la date «
à partir de laquelle la pratique a pu s’effectuer ». Cette formulation est une falsification car elle vise à faire croire à une relation de cause à effet, alors que la pratique du parapente a pu avoir lieu toute l’année sur ce site sans que celle-ci ait provoqué un abandon de la colonie par les oiseaux. Le départ progressif des adultes de août à septembre est un phénomène naturel ayant pour effet de contraindre les juvéniles à quitter le nid et prendre leur autonomie.
Cette note emploie d’ailleurs les termes « il semble » ou « parait de nature.. » pour suggérer au lecteur que le parapente est nuisible aux oiseaux sans le démontrer, et en passant sous silence l’évolution favorable de leur effectif sur nos côtes durant ces dernières années mais aussi le rôle des prédateurs. Je proteste vigoureusement contre cette note qui est tendancieuse et vise à amener le lecteur à des conclusions qu’il n’est en réalité pas possible de tirer des études jointes.
le Fulmar Boréal au niveau mondial n’est pas une espèce menacée, sa population est en développement (cf. classification faite par BirdLife International (2020)(*1)). La principale menace recensée par l’EEA (European Environment Agency) est celle de la pollution marine (ingestion de plastique par les oiseaux).
Enfin la note servant de base à la consultation publique mentionne en « source annexée » une étude du fulmar Boréal en Manche-Mer du nord, mais curieusement, celle-ci ne figure pas sur le site de la consultation. Il existe une étude sur cet oiseau sur le littoral seinomarin voisin (*2). Celle-ci constate également une baisse de « production » de ces oiseaux. Or ceux-ci nichent essentiellement entre Etretat et St Pierre en Port où il n’y a pas de site de parapente. L’étude met en cause également la pollution marine : la nécropsie des poussins ou adultes morts a montré que leur estomac contenait des matières plastiques dans chaque cas. Pourtant, dans les études du GON NPdC, cette piste est résolument ignorée.
En définitive, les études du GON NPdC, ainsi que la Note d’information qui en est issue, sont entachées d’un biais typique de confirmation d’hypothèse qui les discrédite.
En voulant résolument exclure la pratique du parapente, les auteurs ont été amenés à présenter uniquement l’hypothèse de son rôle dans la baisse de production du Fulmar Boréal sans preuve scientifique ou statistique, et en ignorant d’autres hypothèses pourtant validées par ailleurs.
Pour autant à ma connaissance, la communauté des parapentistes n’est pas opposée à l’arrêt des vols pendant la période de reproduction, mais en tout état de cause, les études ne comportent absolument aucun élément permettant de soupçonner que les vols en dehors de cette période soient nuisibles à la reproduction des oiseaux. La demande d’étendre l’interdiction de vol durant 8 mois sur 12 relève de la surenchère irrationnelle. Un arrêté en ce sens sur la base d’éléments aussi peu sérieux serait totalement incompréhensible.
Le parapente est une activité nature non polluante et silencieuse. Ses adeptes sont très attachés au respect de l’environnement et tous ceux qui pratiquent sur le littoral doivent s’enregistrer auprès du club local Paral’aile 62 en confirmant leur engagement de respecter le règlement établi suivant la convention passée avec le Conservatoire du Littoral.
Cette convention a fait la preuve de son efficience et la décision la plus rationnelle est de reprendre les dispositions prévues pour le Cap Blanc Nez en les adaptant à la période de nidification, à savoir l’interdiction du vol libre du 1er avril au 31 août, et de prendre les mêmes dispositions pour la pointe de la Crèche mais uniquement côté Wimereux (falaises au nord de la pointe), car il n’y a jamais eu de nidification du Fulmar côté Boulogne.
(*1)
datazone.birdlife.org/species/factsheet/...r-fulmarus-glacialis
(*2)
reseau-manchemerdunord.n2000.fr/les-site...ps/documents-du-site