Bonjour à tous,
Voici avec un peu de retard, un petit récit de notre sortie à MONTFAUCON le samedi 12 juillet 2014.
La veille, nous notons que les conditions prévues pour le lendemain se dégradent, je fais part de mon inquiétude à Farid, mais il reste confiant. Après tout, il n’a pas encore utilisé son droit à l’erreur en cette saison 2014 ! Le samedi matin, dernière vérif, c’est pire, quasi pas de vent en prévision jusqu’à 13h/14h, ensuite ça devrait monter il parait… on y va quand même, faut tenter sa chance. Arrivée sur place vers 11h. Comme prévu pas un brin d’herbe ne bouge. On patiente, on part à la chasse au mulot pour passer le temps. Petit tour au café puis retour vers 13h30 au déco. Là toujours pas de vent. On patiente… encore. Il approche 16h, je n’y crois plus vraiment, mais le ciel se dégage et de beaux cums sur fond de ciel bleu commencent à se former. 16h05, Henri décolle, puis Farid et moi quelques minutes après. Les conditions sont fortes, ça brasse pas mal. Henri décide d’aller se poser. Farid et moi, nous restons en l’air. 30 minutes plus tard, les thermiques s’organisent, mais ils sont petits, puissants et teigneux. Je vois Farid qui monte sous un nuage, je zérote un moment au-dessus du déco, puis je fini par trouver une bulle plus prometteuse que les autres juste sur la gauche du déco, sur la « pointe ». Dans les premiers instants, je contrôle tant bien que mal mon aile qui n’arrête pas de clignoter en bout de plume, à gauche, à droite, puis encore à gauche et une nouvelle fois à droite. C’est qu’il faut tenir son aile, c’est tonique. Henri se demande à la radio qui est derrière, car il me voyait faire une série de petites fermetures, sans doute impressionnantes depuis le sol, mais tout à fait gérables en vol, l’artik encaisse bien mais demande de la présence aux commandes. Je décale doucement derrière et je vois s’éloigner le sol de plus en plus vite. Un rapide coup d’œil à mon kobo et je vois du coin de l’œil du +3.5, puis du +4, et du +4.5 !! Je me fais balader, tangage, roulis, lacet, tout y passe. Puis, à 250 mètres du sol, ça se calme un peu, je me concentre. A cet instant, je me rappelle nos nombreuses discussions avec Farid sur la manière d’enrouler nos petits thermiques de plaine et je décide enfin à appliquer la méthode de notre crosseur émérite qui a eu de la « chance » un dimanche après-midi de faire un cross de 30 kms à La comté, il n’y pas très longtemps. Je visse, je visse et je rerevisse. Je suis quasiment sur la tranche… et ça marche ! L’aile se cale dans le noyau et je monte sans faire clignoter mes plumes, rivé, boulonné à mon thermique, je continue. Le sol s’éloigne encore et encore, je suis concentré et je cadence de la main extérieure, l’aile à 45 degrés. Les arbres de la forêt sont maintenant loin en dessous de moi, un rapide contrôle au vario, je passe les 500 mètres et autour de moi une espèce de brume m’enveloppe. Le vario se calme doucement, la masse d’air devient plus sympa. J’atteins enfin le plaf du jour, 600 mètres, loin, très loin derrière le déco. Je le sais maintenant, je ne reviendrais pas, je pars vers l’inconnu, un grand bonheur (désolé pour les oreilles de ceux qui m’écoutaient à la radio). Quitter le bocal, c’est le top, une vraie sensation de liberté et une grande satisfaction d’être arrivée là, sous mon petit nuage. Je regarde autour de moi… pas grand-chose. Le ciel est laiteux, les nuages pas faciles à distinguer. J’en aperçois un sur ma droite, je trace, il me remonte de quelques mètres, je me décale avec lui, puis rapidement, je le perds. Au sol, je vois des marées au milieu de la vallée, des champs autours, une usine et un village (Senarpont). Je décide de passer au-dessus de l’usine, mais rien. Puis vers le village, ça descend toujours. Je me dis que je n’irais pas bien loin aujourd’hui, mais j’ai la satisfaction d’avoir essayé. Les prés en-dessous sont accueillant vu d’en haut, mais une fois suffisamment proche du sol, je me rends compte qu’ils sont tous barrés par de petites lignes électriques. En bon « crosseur », je décide de me diriger vers une route, histoire de ne pas finir au milieu d’un champ et de faciliter la récupe. Je fais mon dernier virage, le vent à bien forci, je suis contré, presque sur place, pourtant l’artik vole à 39 kms/h bras haut, c’est costaud. Un dernier pré devant moi, lui aussi avec une ligne électrique au milieu, il est trop étroit, trop dangereux de se poser là. Je vise donc le champ de blé de l’autre côté de la route, stagne un moment en l’air dans « je ne sais pas trop quoi », puis fini par descendre patiemment par palier successifs. Je m’applique pour poser entre deux rangées de blés, les pieds au sol, ouf, tout va bien ! Je suis à 5 kms du déco, content de mon petit exploit et l’impression d’avoir appris quelque chose aujourd’hui. J’entends Farid à la radio qui a posé dans le village devant moi, je traverse la route pour replier mon aile. Je marche 15 minutes jusqu’à la place de la mairie de Senarpont où quelques minutes plus tard Farid (l’autostoppeur chanceux) et Henri viendront me récupérer. Le temps d’un rafraîchissement en bas du déco, nous remonterons et feront un dernier vol du soir face au soleil couchant. Une belle journée !