SUJET :

Nous voilà une 12aine - pilotes & treuilleurs - réunis en ce beau samedi matin 2ème jour de l’été, sur la piste d’envol du Mont-Saint-Eloi.



A mon arrivée (tardive) vers 11h30/12h (représentation théâtrale à l’école de ma cadette oblige), une voile en l’air, une autre en attente prête à partir. Manifestement, ça tient 10/15mn en l’air mais pas encore de quoi affoler un crosseur. Il y en a 3 à ce moment-là qui trépignent et attendent le bon nuage pour partir en meute à l’assaut de Doullens, d’Abbeville ou peut-être des falaises de Criel, … je ne sais pas à ce stade quelle est leur proie du jour ?

12h41 : 1er vol, suis treuillé à 646m, pas mal du tout. Je cherche, je ne trouve rien. Non pas qu’il n’y avait rien, pas d’excuses, peut-être ou sans doute moi qui ne cherche pas encore comme il faut et où il faut ?!? Ca donne un peu au-dessus des blés non loin du déco/atterro, alors, je fais signe de faire partir la voile en attente.



Les conditions s’installent, le Chef des Opérations du jour notre JPP (Jean-Pierre Président), annonce qu’elles nécessitent maintenant le niveau BP minimum. Même si je le suis officiellement depuis peu, je m’estime plutôt en bas de fourchette du niveau BP, BP- disons. Alors, ai-je le niveau pour y aller ? J’me tâte moi avant la masse d’air, et décide finalement d’y aller.

14h30 : 2ème départ, suis treuillé à 560m. Comme à son habitude, Micka, après m’avoir donné l’ordre de larguer, me souhaite un « bon vol ». Il ne savait pas encore à ce moment qu’il avait bien raison c’coup-ci ! Je décide illico de reparcourir les traces de mon vol précédent, là où normalement il devrait se passer quelque chose (en bas à gauche du bled) et cette fois-ci, ça paie !



Je prends ce qu’il y à prendre jusqu’aux 750m de la TMA, à ne pas pénétrer, mais je reviens toujours au vent pour rester « dans le bocal ».

Entre la voie rapide et la limite de TMA, je suis à 984m, ça monte encore.



Je suis de nature assez psychorigide, il me faut un chiffre rond, alors, je m’applique pour atteindre les 1000m. Bon, je n’ai pas la preuve en image mais ça sera chose faite.

Et quid maintenant ? Il paraît qu’à 750m, on peut partir ! Je suis laaaaaarge à 1000m. Oui, mais où ? Et avec qui ? Et quoi ?? Et comment surtout ???

A la radio, on me donne des « vas-y Thomas, tu peux partir » ; je réponds « je sais mais j’ai pas les… – pardon les rares dames parapentistes du Club qui me liront, d’ailleurs oui, Monsieur le Président va falloir prendre des mesures drastiques et mener des actions de fond pour féminiser la pratique au sein du club, et faire mieux qu’au niveau fédéral 84% de pratiquants pour 16% de pratiquantes seulement - …couilles ».

De l’autre côté de la voie rapide, j’aperçois une voile rouge & jaune. Je décide de mettre une demi-couille (pardon encore Mesdames) sur la table et d’aller y voir d’un peu plus près, j’peux bien me poser 2kms plus loin et rentrer à pieds si ça va pas, non ?

C’est un crosseur. Bingo, un crosseur qui me baliserait la route, je ne serais plus seul, je décide de suivre son sillon ! Je monte jusqu’à 1150m, sans trop de difficultés mais je tâche de rester en bordure de nuage, pour pouvoir fuir à tout moment en cas de « danger ».



Devant moi, la voile monte tout à coup comme une balle , je décide de ne pas copier et ne pas me mettre dans du +++Xm/s que je ne saurais peut-être pas gérer. Je me décale encore un peu plus du nuage.

Sans doute ce qui aura causé ma perte, pas assez près du nuage pour bénéficier de son influence ou pas bien positionné pour être dans le thermique qui constitue le nuage ??? N’hésitez surtout pas à réagir les crosseurs et nous faire profiter d’une petite leçon de « faut-il se centrer sous le nuage ou bien rester au bord ou bien autre ???

Ca zérote, ça descend doucement, … pas grave, je continue ma route en espérant trouver quelque chose pour me refaire. Rien. Je suis à 300m/sol, j’ai encore la patate mais il est grand temps d’envisager mon 1er atterro hors terrain d’atterrissage. J’observe : près à vaches, champs de blés, maisons isolées, village, piscines (y’a quand même des gens qui ont des piscines dans l’Nord mais trop petites et surtout pas à débordement pour pouvoir faire du JB Chandelier), routes, … jusqu’à ce petit chemin de tracteur non loin devant moi qui me semble accueillant.

Alors, on vérifie :

- Son orientation : les éoliennes devant moi à droite m’indiquent que c’est parfait,
- Son positionnement / au vent : il faudra atteindre sa partie au vent des arbres, et non pas viser celle en dessous de moi qui est sous le vent de ce mini-bois,
- Sa fréquentation : chemin de tracteur, alors, même si un tracteur se pointe à 15km/h, il devrait pouvoir piler à temps,
- Sa périphérie immédiate : poser au bon endroit pour pouvoir affaler la voile là il n’y a pas de barbelés de part et d’autre,
- Et on fait son petit carré pour bien repérer le sens du vent.

Atterro impeccable, dans l’axe du chemin, tout en douceur, il est content le Thomas !

Content, mais pas encore conscient de ce qu’il venait de se passer. Je plie le matos, marche vers la route départementale, sors mon téléphone, ouvre l’appli GPS pour pouvoir me laisser guider et rentrer à pieds par le chemin le plus court. J’estime à ce moment-là avoir à marcher 2 ou 3kms… et ce sont plus de 17kms et 3h30 de hike que me demande de parcourir le GPS !?! Dingue !!! J’aurais donc volé tout ça ?

Mais alors – re-question aux crosseurs – qu’est-ce qui a bien pu se passer sous mon casque pour que je n’aie pas conscience avoir parcouru autant de kms ? Un peu comme quand on prend un avion qui vole à presque MAC1 et qu’on a l’impression de faire du sur-place sans doute ?!?

Bref, me voilà donc a priori enfin décrosselé, la joie.

Je rejoins la départementale. Sors mon pouce, car, comme je n’ai pas encore les bons réflexes de crosseurs, mon carré de tissu fluo avec imprimé dessus « retour parapente, merci » confectionné il y a au moins 2 ans (et oui, ça fait un moment que je rêve de ce moment) est bien au fond de ma sellette, qui elle-même est au fond de mon sac de portage. Bref, à peine dégainé qu’un sympathique autochtone s’arrête et me ramène direct à la case départ. Merci encore Monsieur !

Joie, émotion, partage, et un peu frime j’avoue… avec les copains du jour, vous vous en doutez !

16h34 : 3ème vol, RAS. De toute façon, même si c’était à refaire, j’ai plus le temps.

18h23 : 4ème déco. Mais faut vraiment que j’y aille, là (dîner en ville avec Madame oblige).

Mais ma voiture est près du terrain de foot, aïe. Et je ne veux pas embêter en demandant une navette, ouille ! Pas grave, je rentre en parapente (après avoir soigneusement analysé du ciel, je vous rassure) !





Un GRAND GRAND GRAND MERCI encore à Micka & JP, les treuilleurs du jour, qui, ne l’oublions pas, sont aussi et avant tout des parapentistes qui sont comme nous tous avides de vols & de cross, mais qui ce jour-là, font partir les autres ! Merci les gars !



Merci à tous les autres, pour l’ambiance, les conseils, les félicitations, bref, la belle journée.

Enfin, si je ne cite pas de (pré)noms, c’est pour préserver votre volonté d’apparaitre sur le net ou pas, pas parce que je m’en fous.

Beau recit Thomas.
Bravo pour ton premier cross.

Concernant les km en cross qui paraissent plus long au sol qu en l air, il y a plusieurs raisons:
Si il y a du vent de 15 kmh et que tu reste 1h en vol en restant sous le meme nuage, ou sans avancer dans la meme masse d air, tu aura fait 15km. C est des km qui sont "gratuits" si tu vas dans le sens du vent, et tu t en rends pas vraiment compte.Par contre si tu veux aller contre le vent c est l inverse.

Un parapente ça avance vite quand même. On se rends pas trop compte de la vitesse ou on avance quand on est haut, quand on compare avec la vitesse ou on marche quand il faut rentrer sac sur le dos.

Pour le placement a coté des nuages, c est tout un art. Achete ou emprunte des livres de parapentes pour approfondir le sujet. Le coté qui monte le mieux c est souvent le coté le plus exposé au soleil( etre au sud ouest du nuage l aprem)

Beau récit Thomas.
Bon éclairage pour ceux qui voudraient faire leur premier cross.
Journée suffisamment instable pour trouver des thermiques bien larges dès 11h puis plus rien jusqu'à 14h où les nuages commençaient à s'étaler pour faire de belles zones d'ombre au sol. Plutôt facile de prendre du gaz presque tous ceux qui se sont fait treuiller ont pu aller aux nuages dans les 1200m. Par contre, le nuage tirait déjà beaucoup moins vers 15h. Conforme a l'emagramme.
Difficulté du jour, beaucoup d'entre nous n'ont rien trouvé au dessus des villages. Il fallait rester au nuage ce jour là. Au sol, la masse d'air était stable.
J'ai fait pareil que toi. Je ne me suis pas approché du nuage. Pour répondre à ta question, il faut rester avec un angle de 45° par rapport au bord du nuage pour pouvoir s'échapper. On parle ici des nuages qui sur-developpent.

En altitude, du 10 kmh de vent seulement au dessus du déco.donc dur dur de rester sous le nuage en attendant la dérive.

Sympa le récit et heureux pour toi, Thomas.
Perso, lorsqu il y a des nuages, je ne vise pas que les villages. D abord les nuages et ce qui me paraît canaliser , décoller un thermique. Un village dans l ombre qui va passer au soleil marche tres bien. J avoue aussi que parfois, je touche un thermique la ou je ne pense pas en trouver un.
Bravo à toute l equipe Razmotte. Un débutant y trouve tout pour progresser.
A une prochaine la haut

Gilles

Sympa la récit.

Le premier départ en cross, toujours chargé en émotion!!!

Merci de vos réactions/réponses Niko, Alain, Gilles & Stephen !

- Oui en effet Niko, j'avançais même parfois à 55km/h au 1er barreau en tâchant de rattraper Gilles, donc, forcément, ça m'aurait amené au bout d'une heure à ce rythme plus loin encore que Doulens. Simplement, drôle de contraste entre avoir conscience de la vitesse/sol mais ne pas avoir la « sensation visuelle » d'avancer,

- Si je comprends bien Alain & Niko (positionnement / soleil), ça donnerait ça :



Pas de moqueries sur mes talents de graphistes !

En tout cas, je prends bonne note des tuyaux et vais sans doute me (re)plonger un peu dans la théorie, qui sera sans doute plus facile à comprendre, maintenant que j'ai touché du bout du doigt la pratique du cross !

Youhou !

Thomas,
Ils sont pas comme ça les 45 degrés.
Si tu es sous le nuage, en train de monter. Tu te rapproches du coté au soleil au fur et a mesure que tu montes pour eviter de rentrer dans le nuage.

Pour être un peu plus explicite, un petit schéma pour expliquer ce que j'ai voulu dire en se positionnant à 45° par rapport au bord du nuage.
On prend un cas de figure d'un parapente volant à 36 km/h et d'un thermique modéré à 10 m/s
La trajectoire serait de 45° si ce nuage tire partout pareil.


L'idée générale est de pouvoir sortir par un des côtés assez rapidement....
Si on est sous un nuage et que ça tire, il est recommandé de trouver la zone de fin d'ascendance avant de faire demi tour pour enrouler et de te rapprocher du bord au fur et à mesure.
Si on cherche à s'échapper au vent du nuage, la zone ascendante est généralement plus forte que sous le vent.
La zone dégueulante est généralement sous le vent pour y faire les 360 si ça devient malsain.

Si on cherche le thermique d'un cumulus (normal), les ouvrages que j'ai lu indiquent de se positionner à la bisectrice vent / soleil.
Quand le vent est nord et le soleil sud ???? Je dirais plutôt côté soleil....

Ahhhhhhhhhh, d'acooooooooooord ! J'ai compris maintenant !

Bon, en tout cas, mon instinct m'aura guidé en bord de nuage, soit parce que j'ai un don pour le parapente , soit parce que j'ai lu ou entendu ou appris ça quelque part et que ça m'est resté !

Merci pour vos éclaircissements ! Tout ce qu'on peut lire, apprendre, écouter, partager, ... au travers de ce forum, peut être bien utile un jour une fois en l'air !

Super le récit !
Et félicitation pour ton "décrosselage"