La suite....
J'en étais resté à 3700 m en Suisse en direction des glaciers de la face EST du Massif.
Rémi est devant avec un groupe de fous furieux, Alain et Capu en train de se refaire dans la vallé du Génépi, mes 2 souris en transition vers les premiers hauts Reliefs.
Je ne reconnais pas les sommets vu de ce côté là. La transition est confortable, je me prends une pompote, un peu d'eau et je regarde autour à la recherche d'un relief connu.
Les souris se séparent. L'une part en vallée, l'autre reste au relief.
J'opte pour le relief. Arrivé à la première arête, je prends un thermique un peu péteux. Il monte doucement, mais je suis ma stratégie de rester haut.
ça paye car je continue par les reliefs.
Je reconnais enfin le Dolent, au bout du glacier d'Argentière !
Cela me rappelle l'image d'une voile bien au dessus du Dolent quelques années plus tôt. Je me dis pourquoi pas monter au dessus et voir le glacier d'Argentière..
Mais je suis un peu bas et il est bien enfoncé dans le massif. Je préfère continuer ma route sur les premières arêtes.
C' est tellement beau que répète à voie haute whoua whoua whoua
J'annonce au groupe ma position et entends Rémi annoncer la sienne. Ils sont juste un peu plus loin en haut du thermique à plus de 4000 m.
Je vois la grappe et me dirige vers elle. J'enroule à nouveau et ça monte doucement.
Nous sommes à proximité du col séparant la Suisse et l'Italie. Comme Il est assez haut j'assure le plaf max. 3700m, 3800m, mon record et égalé
3950 m, record battu
Le groupe qui enroulait avec moi est déjà parti et je les vois ratasser près du col. Je pars avec 300 m de plus et là j'apprécie le plané de la M6.
Je passe le col bien au dessus sur les arêtes. La masse d'air est calme, mais ça secoue un peu au passage des arêtes. Normal !
J'arrive aux Grandes Jorasses. Elles sont reconnaissables à leur 4000 m. Je suis bas à 3200 m ! Une grappe s'est formée au dessus. Loin devant, j'apercois le Mont Blanc et une nuée de petits points. Ils me paraissent si haut...
J'entends en radio que les premiers viennent de poser. C'est de bonne augure
Je me fixe l'objectif de faire les Grandes Jorasses.
L'arête ne donne pas beaucoup, c'est teigneux. Je vois quelques voiles monter en vallée, mais c'est petit.
Je choisis de rester sur l'arête et patiente. Un bon pétard finit part déclencher. Nous sommes 2 à l'exploiter. On se gêne tellement il est étroit. L'autre a le dessus et se retrouve au sommet rapidement. Le cycle se termine et je n'ai pris que 300m. Il m'en reste 200 à prendre avant de passer au dessus et trouver une meilleure ascendance.
Je patiente, m'accroche et partage un nouveau pétard avec une autre voile. Cette fois c'est moi qui l'exploite le mieux et atteinds le sommet. Je passe les 4000m pour la première fois.
C'est magnifique ! Je vois la vallée blanche depuis l'autre côté.
Je m'attendais à sortir plus haut, mais force est de constater que ça ne monte plus. Les ailes autour de moi stagnent et finissent par avancer en direction des arêtes du Brouillard en cheminant le long des crêtes.
La dent du géant est devant moi, j'enroule un petit thermique et continue vers un immense cirque.
2 options s'offrent : soit couper le fromage, soit continuer sur les crêtes. Je me remémore le récit d'un pilote qui s'est fait enterrer dans une dégueulante phénoménale en traversant la combe. J'opte pour les crêtes, c'est plus sûr.
Elles portent bien, le vario bip un peu. Arrivé de l'autre côte, je tombe sur les arêtes du brouillard. Pas le choix, à 3400 m je suis trop bas pour passer et dois la contourner par la vallée.
Je retrouve une belle grappe qui enroule en vallée et une au relief. Je suis à 3200 m et regarde en haut le Mont Blanc enfin à portée.
Commence alors une interminable montée à +1 m/s J'ai 1600 m à gravir.
Je vois un véritable essaim près du sommet !
Je grimpe au relief tout en surveillant la grappe en vallée. Nous montons à la même vitesse.
4000 à nouveau, le sommet se rapproche. J'annonce au groupe ma position et Rémi me répond qu'il et posé au sommet. Le rêve prend forme...
4300 m, je transite vers la dernière arête menant au sommet.
C'est la foire, il y a des voiles de partout. heureusement, ils enroulent correctement dans le même sens.
4500m, l'air est froid, le vario s'accélère à + 2 m/s. Je commence à ressentir le froid de partout.
Vais-je oser poser ?
A première vu, j'en ai pas trop envie. Je me dis : " je vais le survoler et ce sera déjà bien"
Rémi me demande où j'en suis. Je lui réponds "Juste devant toi à 4800 m, j'arrive !"
Je suis fou de joie, le sommet est là devant moi, constellé de monde.
4950 m et ça monte encore.
Rémi me dit que ça pose bien et que ça redécolle bien.
Hum, c'est tentant....
Et je me laisse tenter !
Le sommet est en pente, un peu comme à la Comté. D'ailleurs je vois des hobbits partout. Y poser sera une formalité.
J'arrive bien haut, je tangente, je suis quasi au sommet...Poser juste sous les voiles entassées...ça arrive vite, je freine et pouf dans la neige mole du sommet. Whaou!!! C'est fait, j'y suis !
Rémi accoure et me dit "je vais prendre ta voile, vas y doucement, sinon ça va faire mal à la tête. Bois de l'eau."
Je gravis les quelques mètres qui me sépare de l'arête sommitale et m'affale dans la neige.
Dès que je fais un effort, la tête tourne. Ok, doucement, respire. Le manque d'oxygène se fait sentir...
C'était peut être pas une si bonne idée de poser après tout...
J'y suis, alors autant en profiter.
Je serre Rémi dans les bras trop heureux de le retrouver.
Puis, je me ballade sur l'arête en contournant les voiles. Je passe un bon moment à contempler le spectacle.
Je retrouve une tête familière
Roland me dit "Tu pourrais m'aider à redécoller ? je ne me sens pas très bien".
Je ne suis guère en meilleur état tu sais...
Chaque geste est lent. Je sens bien que je n'ai pas toutes mes facultés, alors j'y vais doucement.
J'ai dû passer une 1h au sommet, mais c'est passé comme 10 minutes.
Capucine fait son approche et pose également.
C'est génial, nous sommes à 3, un oncle, une nièce et un neveu !
Il ne manque qu'Alain, mais je n'ai pas de nouvelles.
Il me faudra 3 essais pour redécoller. L'air étant peu dense, l'aile avait du mal à monter et je ne voulais pas descendre trop bas dans la pente.
La redescente a duré 1h dans un air calme et avec des thermiques doux qui montaient bien.
Nous avons posé à Cham vers 18h.
Rémi et son ami sont restés les derniers pour aider tous les pilotes à décoller Respect
Un rêve enfin réalisé !
Ces conditions bonnes douces arrivent tous les 3 à 6 ans.