Une nouvelle journée bien chaude s'annonce. Météo parapente annonce de plafs autour de 3000 m sur les sommets de Chamonix et plutôt 2000m sur le massif du grand Bornand.
Au réveil, une couverture nuageuse qui entoure les sommets. Pas où peu de vent apparemment. Le soleil fait son oeuvre et dissipe ce voile pour laisser quelques cumulus.
Je décide de quitter ma tenue de peintre pour prendre celle de parapentiste
Je vais à Chamonix/Brevent
Je m'attendais à voir plein de biplaceurs !
Aucune voile en l'air
. Enfin quelques unes côté aiguille du midi. Je commence à comprendre que ma journée est grillée.
FERMETURE du télécabine de planpraz/brevent... Merde...
Vu que j'ai posé ma RTT auprès de moi même, je vais me rabattre sur Passy plaine Joux. Au regard du plaf, ça doit sortir. Seul problème, mais de taille, c'est qu'il faut faire du stop pour monter en haut. La rotation prend plus de 20 minutes.
Arrivé à l'atterro à 13h, j'observe. Six voiles en l'air et trois déjà perchées. Le temps de mettre mes grosses chaussures de montagne et me voilà au bord de la route a attendre les rares voitures qui passent.
C'est l'heure du repas. Je dessèche littéralement sur cette route sous le cagnard. Un compère d'infortune me rejoint. Nous v'là deux. Ça va pas aider...
Trente minutes plus tard, une 106 coupé Peugeot s'approche dans un bruit de pot d'échappement. Ils sont déjà deux parapentistes à bord. Bien sympa, il propose de nous prendre avec la voile sur les genoux.
Une dernière inspiration avant de me tasser à l'arrière dans ce qui va vite devenir proche du Sauna. Ça sent la transpiration à plein nez...
Déjà un peu de sur developpement sur les sommets. Nous voici à quatre au déco. Ça va baliser. Je mets du temps a me préparer. Je suis en mode cross. Habillé trop chaudement. Mai sait on jamais ?
En fait, je savais déjà que je n'irai pas tutoyer ces gros nuages.
Je décolle en troisième. Pierrot (moniteur) en iota se place bien, il enroule des petards et sort assez vite. Quant à moi, je cherche du plus doux. Je trouve des thermiques doux, mais ça ne sort pas si facilement. Dix minutes plus tard, je me résoud à enrouler du pétard. Quand le pétard arrive, on sent l'air arriver par le bas. Il jete ta voile en arrière avant de te prendre par les bretelles. Mais j'hésite à enrouler en me laissant décaler sur le plateau.
Hier y'a un gars qui s'est fait décaler et s'est fait prendre par l'effet bagnard. Il n'a pas réussi à revenir pour passer les arbres sur le plateau. Du coup, il s'est posé sur la route étroite et bordée d'arbres à 100m du parking. Ça s'est pas très bien passé pour lui
Forcément, un peu influencé, je me replace systématiquement devant le thermique, mais du coup, je finis par le perdre. Je balaye à nouveau et prend le suivant. Un peu plus haut je reste dedans et serre les fesses. Quand je dis je reste dedans, c'est une image. IL est étroit et irrégulier. Donc, j'essaye de rester dans le noyau. Pas facile. Mais en trois minutes, je peux déjà transiter sur Varan. j'hésite encore. La masse d'air n'est pas terrible. Un Nord coiffe la chaîne des fizz. Là où je suis, quasiment pas de vent.
J'avance vers Varan avec un léger vent d'Est qui me pousse. Arrivé devant Varant, la brise de vallée s'inverse et vient d'Ouest. Le nuage au dessus de Varan nous aspire tout ça. Ça monte des briques. Pas besoin d'enrouler. Jusqu'au moment où arrivé à 2300m, je prend un rouleau. Ma voile ferme au trois quart assez violemment. Suffisamment crispé pour de rester droit dans mon slip. Je visualise ma poignée de secours. Ca rouvre après un quart de tour.
C'est un peu comme un SIV, mais sans l'eau en dessous ni la douce voix du moniteur qui hurle dans ton oreillette, "
Contre sellette, laisse voler !!!" En fait, difficile d'analyser. Ça va trop vite. Ici ça ferme 3/4 d'aile à droite et le petit bout d'aile qui vole encore se trouve encore sur ta gauche devant toi.
A nouveau dans l'ascenseur, je suis calmé. Oreilles, accélérateur je file en vallée. Même là, l'air n'est pas agréable. Je vais vers Saint Gervais en me disant que ça devrait être plus doux. Mouais... Arrivé du côté de la ligne électrique du prarion, le vent arrive de Sud cette fois ci. Là, c'en est trop. Je décide de poser à Chede.
Ça monte de partout. Me revoici au dessus de Joux. Et rebelote. Une nouvelle demi aile.
C'est parti pour les 360 et les tenir jusqu'à 200m sol. Enfin posé.
Mon Vario me donne une vitesse max de 75 km/h. Je sais pas si c'est ma vitesse en 360 ou si c'est quand la voile ne me portait plus.
Échange de point de vue avec le moniteur qui dit avoir fait un beau vol. Tout bon entre 2000 et 2800m.
J'aurais peut-être dû me laisser monter. Mais non... Il était peut-être pas là où j'étais.
Je termine cette journée en remontant le gars (Michel Ferrer qui connait bien razmotte de nom) qui m'avait monté tout à l'heure. Et un bel échange devant une bière au déco. Rejoints par l'équipe de Parapente plus.
Aujourd'hui je reste sous mon pinceau.
S'il y a un enseignement à tirer, c'est que la bière après le vol, c'est quand même le meilleur moment du vol.