Bonjour à tous,
J’ai vécu un très beau moment hier que je souhaitais vous partager. Pour ceux qui connaissent Annecy ça faisait longtemps que je rêvais de survoler le mont Veyrier et c’était précisément l’objectif que je m’étais fixé pour cette semaine.J’ai tenté une première fois dimanche mais sans succès. Je suis arrivé beaucoup trop bas sur le mont Baret et j’ai dû faire demi-tour tant que j’étais encore en finesse de l’atterro.Deuxième tentative donc ce lundi 18 avril. Je décolle à 16h15 de Planfait (alt. 950 m), les plafonds sont annoncés à plus de 2000 m et il y a énormément de monde en l’air. Mais contrairement à l’habitude, tout le monde est dispersé, comme si la masse d’air portait partout… ça promet !
Sorti de déco ça grimpe direct, il me faut à peine 10 minutes prendre une première pompe. A ce moment j’ai repensé aux explications de Damien et Guigui sur le déclenchement des thermiques. La bulle d’air qui se décroche et dans laquelle il faut rester pour monter. Et bien j’ai vraiment eu le sentiment de me retrouver exactement au bon endroit et au bon moment, il n’y avait plus qu’à enrouler. Résultat en moins d’un quart d’heure je suis déjà à la base des dents de Lanfon puis un quart d’heure plus tard je fais un premier plaf à 2100 m au-dessous de la pointe sud. Là c’est le dynamique qui m’a permis de monter en faisant des aller-retours (le vent était nord-ouest autour de 15 km/h).
Je pars donc pour une longue transition vers le mont Baret. J’étais déjà allé sur le Roc des Bœuf en partant de 2000 m. Je me dis que ça va le faire. D’autant que j’entame la transition avec un autre gars qui part un peu en-dessous de moi. C’est sans compter sur le vent de face et un aérodynamisme un peu dégradé par l’absence de cocon. A mesure qu’on avance je vois l’autre aile monter pendant que moi je m’enfonce inexorablement. Parti de 2100 m j’arrive à peine à 1100 m sur la pointe sud du mont Baret, il y des ailes qui enroulent mais bien au-dessous et pour couronner le tout le vent fait la girouette, tantôt nord-ouest tantôt nord-est, comme si le flux contournait la montagne. Bref, j’hésite entre les deux côtés, je zérotte un peu et je jette un œil à l’atterro. Je suis encore en finesse et décide donc de rebrousser chemin pour aller poser.
Heureusement le vent me pousse et j’arrive très vite à proximité de l’atterro. J’ai encore assez de gaz pour tenter un petit détour par le déco, je suis un peu en-dessous (point bas à 830 m) mais qui sait, sur un malentendu ça peut marcher… ET BINGO !!! Ca marche, je reprend de l’altitude et repasse très vite à la verticale du déco. Ca fait 40 minutes que je vole et la partie n’est pas encore perdue… Same player play again !
C'est donc reparti pour un tour. Cette fois c’est un peu plus long. Il me faut 20 minutes pour trouver l’ascenseur mais un fois que je l’ai, je ne le lâche plus. Il me faut un peu plus de 10 minute pour refaire un plein de 1000 m. Je suis alors au-dessous des Dents (2100 m) et je décide de pousser au sud vers la Tournette. Pourquoi me direz-vous ? Parce que je commence à me prendre au jeu avec cette histoire de CFD et que j’imagine Guigui derrière mon épaule qui me dit de rallonger les branches du triangle…Je mets donc le cap vers le chalet de l’Aulp en me fixant une limite à 2000 m pour faire demi-tour. Ca peut paraitre beaucoup mais je sais que je vais devoir revenir vent de face et je veux garder une chance de raccrocher sur les dents pour tenter de repartir vers le nord ensuite.
Finalement ça monte super bien sur le retour et j’arrive au-dessus de la pointe sud à 2300 m. Je tente alors une branche vers le Parmelan mais à la réflexion ce n’était pas une bonne option. Je décide de rebrousser chemin et de refaire le plein sur les Dents. Ca monte encore bien et je me retrouve à nouveau à 2300 m. Je réalise même à ce moment que je vois le lac Léman au loin… magique !
Et c’est reparti pour une nouvelle transition vers le mont Baret. La première fois j’avais une altitude de 2100 m, cette fois j’en ai 2300. Il me faut 10 minutes pour traverser les deux pieds à fond sur l’accélérateur (je vous laisse imaginer le confort avec ma petite sellette montagne). J’ai perdu 1000 m de gaz dans la traversée. Je passe encore 10 minutes à prospecter avant de trouver enfin un thermique salvateur. Ca y est, j’ai réussi. Ne reste plus qu’à profiter de cette belle crête jusqu’à Annecy. Le pied !
Arrivé au bout de la crête je trouve même un très beau thermique qui me propulse à 1900 m. Le plein est fait pour assurer le retour. Ayant toujours mon ptit Guigui derrière mon épaule je pense à allonger une branche de mon triangle au-dessus du lac. J’ai tellement de gaz que j’arrive à faire la traversée et à arriver au-dessus de Saint Jorioz. A ce moment j’ai encore 1500 m de gaz. Largement de quoi allonger encore le triangle sur la rive ouest et rentrer tranquillement mais je préfère jouer la sécurité et amorcer mon retour. Je ferai ma perte d’altitude au-dessus du roc de Cher.
Je boucle finalement mon triangle FAI en 2h30. Bilan 21.38 km, 29.94 points à la CFD et surtout un énorme smile au milieu du visage. Il ne manquait que des parapotes à l’atterro pour partager ça autour d’une bière.
Au-delà de mon objectif qui est parfaitement atteint j’ai pris conscience de plein de choses en l’air. J’ai enfin mis un ressenti derrière le terme nébuleux de « cadencement de virage », j’ai « senti » partir les bulles, j’ai même changé ma prise de commande pour les passer en dragonne (plus confortable pour enrouler et cadencer), j’ai fait l’expérience d’une balade en l’air et j’ai apprivoisé un peu plus les mouvements de mon aile dans la masse d’air. Bref, nul doute que cette journée restera importante dans ma progression de pilote. Vivement les prochains cross !
Nico – Avril 2022
Voile : Air Design Rise 3
Sellette : Supair Radicale 3 avec airbag
Vario : Flymaster LS