Beaucoup de chose ont été dites et écrites à ce sujet Thomas. Et DD le rappel très bien. Mais je peux toutefois développer un peu plus sur la base de mon expérience personnelle. Ils est clair que les conditions rencontrées dimanche dernier n'était pas à la portée de tous. Tony et moi , avant même de prendre la route, savions que le vent serait de travers et fort. Nous avons décidé d'y aller car nous avons tout les deux une certaine expérience de se genre de configuration et sans se sentir au-dessus des autres, nous connaissons suffisamment nos voiles et nous savons adapter notre vol en fonction de l'évolution de la météo, c'est l'expérience qui nous guide. Surtout, nous savons à quel moment il faut renoncer. Je pense que c'est cela qu'il faut d'abord retenir.
Lorsque l'on est débutant, c'est un piège classique. On s’aperçoit souvent trop tard que l'on aurait pas dû décoller. C'est du vécu. J'ai connu un jour une reculade mémorable à Equihen où j'ai bien failli atterrir sur les toits des maisons situées 50 mètres derrières le déco, ce n'est pas rien. Je m'en souviens très bien, pourtant, cela s'est produit il y a au moins 5 ans.
Voilà ce que j'en ai retenu :
J'avais décidé de rester en l'air, alors que des moutons se formaient en mer. Je n'y étais pas suffisamment attentif, ce fut ma première erreur.
Ensuite, plutôt que d'aller poser en sécurité sur la plage, j'ai voulu absolument poser en haut, pour tout bêtement éviter de faire l'effort de remonter l'escalier. C'est la deuxième erreur qui nous guettent. Car même en montagne, on peut vouloir revenir au déco et se mettre en péril en tentant de se placer à un endroit où nous aurions jamais été, pour tout simplement éviter de marcher un peu. Une fois encore, il s'agit de savoir renoncer au bon moment et au bon endroit. Je pense que c'est ça le plus important, c'est ce qui préserve le pilote sur la durée. Mais ce n'est pas toujours simple a gérer.
Ces deux erreurs on bien failli me couter cher, mais j'ai depuis longtemps retenu la leçon. C'est en tout cas l'une des expériences qui m'a le plus marquée et qui me préserve (un peu) de l'accident potentiel aujourd'hui. Mais personne n'est à l’abri, il suffit de repenser au triste bilan de 2015.
Pour en finir avec ta question, elle m'invite à me demander si tu n'es en train de te dire que "si eux peuvent le faire, alors moi aussi je devrais en être capable". Je ne suis pas là pour te juger. Bien que, sans te connaitre, tu sembles être quelqu'un de raisonnable. Mais la réponse peut servir à d'autres lecteurs silencieux du forum qui se posent la même question.
Là encore, il s'agit de savoir s'écouter. Alors, je te dirais oui et non, mais tu es le seul à pouvoir en juger. L'accélérateur dans ces conditions, n'est jamais la meilleure solution, mais s'avère souvent la dernière. A méditer.
Maintenant, si je peux de donner une astuce, dans du vent fort, il faut être capable de jouer avec le gradient du vent. Si tu restes très attentif et que tu sais te placer là où il faut tu seras capable de voler en grande voile lorsque les mini-voiles commencerons à sortir. Mais attention ! Tu es en sursis une fois en l'air !
Je n'invite personne à le faire, mais si pour une raison ou pour une autre vous vous retrouvez dans cette situation, avant même de sortir l'accélérateur, il faut jouer avec le gradient. Reprenez vos cours, replongez dans vos manuelles, tout y est.
Pour les plus aguerri : Si le vent forci , allez devant, descendez et maintenez vous quelques part entre le sol et le relief pour maintenir votre altitude à un niveau raisonnable, vous avancerez lentement mais vous avancerez, c'est l'essentiel. Ne cherchez plus à monter ou c'est la reculade assurée ! Si vous remontez, direction le large. Si vous descendez, revenez au relief, mais avec prudence. Vous retrouvez un peu d'ascendance, puis cherchez la "bonne vague" et ne vous en écartez plus. Si le vent forci d'avantage, allez sur les dunes ou poser en bas, même si il faut marcher un peu après. Vous aurez le plaisir d'avoir prolongé votre vol et d'avoir préservé votre capital sécurité. Enfin, si le vent est de travers comme dimanche dernier, vous pouvez remonter au vent en faisant des bords, c'est assez technique, mais ce n'est ni plus ni moins se que font les véliplanchistes pour revenir à la côte si le vent les poussent au large, mais là, ça devient de la "navigation". Il faut de l'expérience. Finalement, tout ça, c'est encore une histoire de débit/crédit
.
Allez, bons vols à tous et soyez prudent.