Au cinquième jour de stage, faire deux vols de 40 minutes en solo.
C'est carrément exceptionnel Jérémie ! Il m'aura fallu attendre au moins 2 ans de pratique - certes irrégulière mais quand même - pour m'offrir un vol de cette durée.
Je ne dirais qu'une chose maintenant :
persévérance.
Un site de pratique, même s'il semble figé (on ne peut pas déplacer des montagnes dit-on), offre pourtant des possibilités croissantes pour l'apprenti pilote.
Tiens, par exemple, à Equihen :
- On vole d'abord par temps calme, à marée basse, sans trop de monde, mais on ne tient pas, car on prend la marge nécessaire, et finalement on plouffe, mais aussi parce que reposer au déco, c'est pas simple et encore réservé au niveau supérieur,
- Puis, on vole par temps calme, à marée basse, sans trop de monde, mais on tient un peu mieux, car on connait un peu mieux sa voile et on arrive du coup à affiner son pilotage, mais finalement on plouffe quand même parce qu'un "@é&§!!! qui se croit fort n'a pas respecté la priorité, et c'est le bibi qui trinque et qui part se poser à la plage, parce qu’il vole en sécurité, lui,
- Et puis, on se revoit entre inits de « la même promo », on s’organise pour voler ensemble, on se croise en l’air, on se transmet nos sourires (pas trop près quand même), on se fait un signe, on pousse des cris de joie,
- Ensuite, le vent est un peu plus soutenu au déco, on a les jambes qui tremblotent, on se fait aider au déco et en l’air, on tient mieux, les parapentistes sont plus étagés, ça laisse plus de place, ça rassure, on vole mieux et plus, et on pose, « safe » à la plage,
- Après, à force, on commence à bien connaître le site, les autres nous disent maintenant bonjour (avant, ils nous snobaient un peu, nous, les « inits »), alors, on se sent plus légitime à être là, on prend confiance et du coup on réussit mieux ses décos, et ça y’est, on n’a pas peur de tenter un atterro « en haut », devant ses pairs !
- Yes, première repose à déco, un peu « olé olé » certes, mais on a déjà compris et construit l’approche,
- Alors, on peut maintenant commencer à envisager voler à marée « mi-basse » ou disons ne plus se limiter lorsqu’elle est hyper-basse, on commence à bien connaître la « première portion du site » alors on a envie d’aller explorer un peu plus loin, à droite, une fois qu’on s’est fait expliquer comment passer « la combe », et là, c’est quasi un nouveau site qui s’ouvre à nous, il n’y a presque personne (tout le monde reste faire mumuse pas loin du déco), pas de jardins interdits à contourner, pas de riverains qui nous maudissent à fuir, juste des vaches et des randonneurs qui nous disent bonjour (que les randonneurs),
- Et puis, on pousse de plus en plus loin, on fait des allers-retours sur une portion, et une fois qu’on a senti que « ça tenait », on repousse un peu plus loin la limite, si ça tient plus, tant pis, pas grave, on remballe la voile sur la plage dans son sac rapide et on fait un bout de chemin retour avec les amis randonneurs, ça fait bosser le « hike », et puis, le parapente, c’est un sport, non ?
- Et puis après, on explore de l’autre côté, vers le poste de secours d’Equihen, et on ressent des thermiques, tiens, mais qu’est-ce-que c’est ? Top, ça nous maintient, alors, on s’amuse à passer dedans, faire « des 8 » pour les exploiter, voilà un autre endroit où on s’amuse !
- On rentre, parce que ça fait un moment qu’on vole et puis, on n’est pas là pour battre un record de durée, non, on est là aussi pour apprendre à reposer et à repartir,
- A reposer encore et à repartir encore car, décoller et atterrir une fois « proprement », c’est bien, ça met en confiance, mais c’est peut-être aussi un coup d’bol alors l’assurer 3 fois de suite, c’est encore mieux, et là, on peut se dire qu’on commence « à gérer ».
Bref, tout ça pour dire qu’un site de pratique du parapente, ça n’est pas comme une paire de godasses de Jean-Baptiste Chandelier, ça n’est pas usé au bout de 3 vols ! Un site offrira de plus en plus de possibilités, au fil de la progression du pilote.
Alors, ne lâchez rien !
Thomas
PS : bien sûr, la progression est liée à la pratique mais a également été possible après avoir effectué des
stages encadrés.